CLÉO G.S. : l’aventure commence !

Bonjour !

Après une longue période d’inactivité suite au piratage du mois de janvier, le blog est à nouveau opérationnel. Il y a cependant un problème avec l’importation d’images, mais cela va rentrer dans l’ordre très vite  j’espère…
On pourrait se demander (me demander) ce qui m’a pris d’aller voyager en terre inconnue, de m’aventurer dans les paysages inexplorés et fascinants du Cycle 1…
On pourrait aussi s’interroger sur la légitimité d’emmener CLÉO dans un domaine qui semble éloigné de l’étude de la langue aux Cycles 2 et 3.
Alors voici quelques éléments sur la chronologie du projet :
D’abord, il y a eu l’étincelle allumée par André Ouzoulias, il y a bien longtemps, qui m’a embarqué dans une réflexion intense sur les paramètres les plus favorables à l’entrée dans la lecture/écriture à la charnière GS/CP.
Puis il y a eu la rencontre, il y a quelques années, avec Elsa Siguier, qui m’a demandé de l’accompagner pour rédiger son mémoire de CAFIPEMF consacré à la production d’écrit en Grande Section. A la même époque, nous avons créé avec Elsa un groupe de recherche-action au Cycle 2 (à l’époque GS-CP-CE1) pour concevoir des outils et des démarches d’entrée dans l’écrit. Ce groupe est à l’origine de la « fiche mot-référent » qui deviendra le support central de CLÉO GS. Mais nous en reparlerons bientôt…
Enfin il y a eu un lent travail d’élaboration et d’expérimentation, qui aboutit aujourd’hui à la parution de CLÉO GS « Entrée dans l’écrit ».
Qu’est-ce qui relie CLÉO GS aux autres ouvrages de la collection du CP au CM2 ?
  • Une démarche qui privilégie les rencontres nombreuses et fréquentes avec les savoirs et les savoir-faire : on s’entraine souvent, mais sur des temps courts.
  • Une démarche qui favorise l’appropriation par tous les élèves, chacun à son rythme, des connaissances sur la langue. Les différences interindividuelles ne sont pas envisagées comme une difficulté, un obstacle, qui nécessiterait d’organiser à priori de la remédiation, de la différenciation. Notre choix est de laisser le temps à tous les élèves d’entrer dans les savoirs, sans stress, et en offrant des voies de découverte qui s’adaptent souplement au degré de développement de chacun·e. Sans freiner ceux qui sont particulièrement brillants, ni presser ceux qui ont besoin de plus de temps.
  • Une attention à la découverte prioritaire des régularités, afin de systématiser les premières découvertes sur l’organisation de la langue.
  • Il existe également une spécificité de CLÉO GS que je vais vous présenter en détail dans la série d’articles qui vont suivre : dans notre démarche, nous portons une attention particulière à l’organisation de la langue française en syllabes orales et écrites.
Vous allez penser : mouais, une méthode syllabique de plus… Il ne s’agit bien sûr pas de cela : il n’est pas question de faire de la Grande Section un « petit CP ».
Ce serait un contresens que d’imaginer que notre démarche s’apparente à une méthode synthétique traditionnelle, selon le schéma bien connu : fusion de graphèmes/phonèmes → syllabe → fusion de syllabes → mot. Non, bien sûr, pas de B-A BA dans CLÉO GS ! La découverte du système de l’écrit s’effectue dans le sens contraire :
mot → organisation en syllabes orales et écrites → organisation en phonèmes/graphèmes. Ce passage par la syllabe, qui se prolonge aussi longtemps que nécessaire, est la clé qui permettra, dès que chaque élève y sera prêt·e, de percer le secret de la fusion phonémique … qui est loin d’aller de soi, comme nous le verrons plus loin.
Il s’agit de comprendre en quoi la syllabe peut être un pont irremplaçable dans la découverte de l’organisation de l’écrit entre la conscience phonologique au sens large (portant sur les plus grandes unités de la langue : énoncé, mot) et la conscience phonémique (portant sur la plus petite unité de l’oral, le phonème).
Nous tentons modestement (mais avec détermination !) de reprendre le flambeau tendu par André Ouzoulias : tous les élèves de 5 ans sont loin d’être prêts à percevoir les phonèmes. C’est pour ces élèves prioritaires qu’il faut aménager le parcours de la conquête de l’écrit. Et l’outil principal de cet aménagement, c’est la syllabe. La syllabe en tant qu’entité à part entière, que l’on manipule d’abord à l’oral comme à l’écrit sans chercher à en extraire phonèmes et graphèmes.
Mais ce texte d’introduction est déjà trop long ! Je publierai dans les jours à venir ici même une série d’articles qui vous éclaireront précisément, je l’espère, sur la démarche de CLÉO GS.

  1. DERDERIAN Fabienne a dit :

    Bonjour très interessée par vos réflexions.
    J ai mené pendant 3 ans une recherche expérimentale en Gs, CP , Ce1 avec un focus sur la syllabe, alors votre démarche m interesse vraiment.
    Je suis CPD rep+suivi des Cp, Ce1

  2. Gonzague JD a dit :

    J’ai vraiment hâte de plonger dans l’aventure mais j’ai été surpris de ce que Cléo retient comme étant une syllabe, qui me semble correspondre imparfaitement avec ce que j’avais compris être une unité de la langue orale. Pourquoi le mot Adèle compte-t-il 3 syllabes ? Parce que c’est plus pratique pour entrer dans l’écrit ou parce que oralement vous l’entendez différemment d’autres théoriciens ?

    • C’est effectivement dans le but de mieux préparer au passage à l’écrit. La syllabe écrite (qui d’ailleurs se rapproche beaucoup de la syllabe orale dans le Sud de la France) est également très présente dans la poésie, les comptines et chansons ( Une souris verte, qui courait dans l’herbe). C’est donc un fait de langue qui n’est pas inconnu des enfants, même s’il est moins familier.