Sitar & Cie : musique et écriture

[2ème mise à jour d’un article paru initialement en février 2017]

IMG_20170217_104247-001Notre classe est engagée dans un projet artistique, « à l’école des virtuoses », qui culminera avec un concert donné par des musiciens de classe mondiale au théâtre du Tampon.

Gilles, le maitre supplémentaire, et moi-même, avons imaginé une séquence au cours de laquelle les élèves découvriront des instruments rares : sitar, tank drum, sanza, …, d’origines géographiques diverses, et faisant partie de différentes familles d’instruments.

Le premier instrument présenté a été le sitar. Les remarques des élèves ont été centrées sur les ressemblances et différences du sitar et de la guitare, qu’ils connaissent bien. La première phase d’écriture a été courte : il s’agissait pour chaque élève d’écrire librement une phrase pour rendre compte d’une information retenue à propos de cet instrument. En temps réel, dès qu’une phrase était correctement orthographiée, je la saisissais sur un traitement de texte, et la projetais au vidéoprojecteur. Cela a permis à quelques élèves moins vifs de se saisir d’éléments lexicaux ou syntaxiques pour les utiliser dans leur propre production.

Quelques jours plus tard, j’ai distribué aux élèves une sélection des phrases produites :

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Ces phrases, relues en commun, n’ont pas manqué de provoquer des réactions : « il y a des répétitions, on voit tout le temps sitar et guitare. Nous avons alors rapidement listé au tableau des substituts possibles.

Puis chaque élève a édité, au sens propre, sa sélection de phrases afin de construire un texte (ou au moins un paragraphe). Voici un échantillon des textes produits  (cliquer sur les miniatures pour agrandir)

1-IMG_20170225_153115 1-IMG_20170225_152957 1-IMG_20170225_153210 1-IMG_20170225_153021  1-IMG_20170225_153151

On voit que les élèves ont été plutôt performants pour varier les substituts du nom, allant parfois jusqu’à l’excès (celui-ci est plus grand que celle-là), ou l’incorrection (Il et la guitare font partie des instruments à cordes) . Malgré tout, la mise à distance procurée par le travail sur un matériau textuel produit par autrui me semble particulièrement intéressante. Outre l’aspect « travail coopératif » que je développe au maximum en classe, elle permet également aux « petits producteurs » (qui peinent à écrire plus de deux ou trois phrases au cours d’une séance) de travailler sur un matériau riche et complexe.

 

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La semaine suivante, Gilles est venu en classe avec un instrument très curieux, le tank drum, fabriqué à partir d’une bouteille de gaz.

Les élèves ont découvert son mode de fabrication et ont comparé le son produit à celui du sitar. Séance après séance, le vocabulaire musical est introduit et réactivé : grave, aigu, résonance, doux, acidulé, etc.

La tâche d’écriture est d’emblée plus complexe que la semaine précédente. On attend plusieurs phrases de chaque élève. Voici une sélection de premiers jets :

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Là encore, le degré d’organisation des textes varie en fonction des compétences diverses des élèves. La vigilance orthographique au moment où l’on écrit est bien sûr la norme, même si certains élèves résistent …

Gilles a proposé, pour finir, que chaque élève invente un nom français à cet instrument qui n’est connu que par son nom anglais. Les élèves se sont montrés très créatifs : mélogaz, tambouteil, tambougaz, musicagaz, bouteilgaz, …

La prochaine séance sera consacrée à un instrument africain, la sanza. L’activité d’écriture sera plus cadrée : description de l’instrument, origine, mode de production du son, description du son … Petit à petit l’oiseau fait son nid !

vlcsnap-2017-03-07-21h34m28s495[edit 7 mars 2017]

La 3e séance a permis aux élèves de découvrir la sanza.

Les textes produits ont été de longueur et de qualité inégales. Il faut dire qu’il n’est pas forcément simple de découvrir un instrument pour le décrire aussitôt par écrit. Une modalité alternative aurait été de répartir les paragraphes à écrire entre les élèves, et d’étayer davantage l’écriture grâce à des échanges oraux plus fournis…  Il ne faut jamais être trop gourmand !

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Un des textes les plus aboutis sur le plan informatif, même si la forme est un peu bancale…

[edit 27 mars 2017]

IMG_20170324_134101Nouvelle séance consacrée à la conque la semaine dernière, et ce lundi j’appuie sur le bouton « pause  » avec une demi-classe (pendant que l’autre moitié des élèves est avec l’assistante d’éducation sur un autre travail).

Je demande aux élèves de choisir l’un des textes rédigés à propos d’un instrument de musique découvert pour le mettre en valeur, sans plus de précision.

Les élèves ont plaisir à parcourir les textes déjà rédigés, non exploités à ce jour. Trois (sur treize) utilisent un traitement de texte, les autres recopient à la main, parfois en retravaillant légèrement leur texte.

Petit échantillon commenté :


 

emilia

E. était non-lectrice il y a un an. Elle n’a que très peu de pratique du clavier, mais apprécie beaucoup de voir ses textes mis en valeur.

Son apparente bonne orthographe est liée à des techniques de copie peu performantes (lettre à lettre)…


 

nathanLN. fait autant d’erreurs, voire plus, en recopiant son texte que dans la version du cahier. Décidément ces « mises au propre » posent un problème didactique…


 

 

enzoE. part avec un avantage décisif : dyspraxique, il n’écrit qu’au clavier et maitrise plutôt bien le correcteur orthographique. Vous avez dit handicap ?

 

 

 


 

GurvanG. est le type même du « bon-auteur-mauvais orthographieur ». Capital culturel élevé, la qualité de sa syntaxe et ses choix lexicaux sont remarquables. Il est hélas très peu intéressé par l’orthographe, répugne à utiliser le répertoire orthographique et les autres outils de la classe. Il croit savoir, et dédaigne les vérifications… Work in progress

NB: Texte toiletté avec mon aide.

 


 

CPBLa mise en valeur proposée par C. est intéressante : elle inclut un petit « hors texte » à gauche, esquissant un essai de mise en page à la manière d’un journal.

Ah, trouver le temps d’aller au bout de tout ce que les élèves proposent… Dans une autre vie peut-être !