Écrire au quotidien : Questionner le monde en CE2

La rentrée est (presque) un lointain souvenir à la Réunion, où la prérentrée a eu lieu le 16 aout. Je suis cette année mes élèves de l’an dernier au CE2, et je me propose de partager avec vous des moments de classe. Les deux thèmes principaux seront « écrire au quotidien », pour répondre à l’audacieuse sollicitation des nouveaux programmes, et la vigilance orthographique intégrée à l’écriture, au moment même où l’élève rédige.

Écrire au quotidien… Quel défi tout de même ! Il a fallu attendre la cinquième journée de classe pour organiser un moment d’écriture en classe. Nous aurons la chance, dans le Sud de l’Ile, d’assister à une éclipse totale de soleil le 1er septembre. Inutile de vous dire que toutes les classes travaillent sur ce thème pour que les élèves en profitent au mieux le jour de l’éclipse.

À la fin de la première séance de découverte du phénomène, j’ai demandé à mes élèves d’écrire une phrase pour expliquer ce qui allait se passer ce jour-là.

Voici un petit florilège de leurs productions (pour la plupart, photos prise avant mon intervention) :

Cas n° 1 : l’orthographe est satisfaisante… mais l’élève n’a pas intégré la position des trois objets célestes.

Cas n° 2 : Orthographe correcte, bonne restitution de l’information, avec une réécriture spontanée induisant des ratures.

Cas n° 3 : Orthographe OK, mais phrase qui se mord la queue : l’organisation syntaxique n’a pas été suffisamment préparée avant le passage à l’écrit.

Cas n° 4 : Informations bien organisées, on note la richesse du lexique employé. L’accord de l’adjectif n’est pas du tout évoqué, même après dialogue avec l’enseignant. On y reviendra cette année, bien sûr.

Cas n° 5 : Cet élève a été en mesure de prendre conscience que « ligne » et « aligné » sont de la même famille, puis de récupérer en mémoire l’orthographe de « ligne »  et de modifier son premier jet. On imagine qu’il a choisi la forme plurielle « alignés » car il y a plusieurs objets célestes alignés… Quand les règles de la grammaire se confrontent à la représentation du monde… c’est souvent la grammaire qui perd la partie !

Cas n° 6 : apparition massive dans les trousses des stylos effaçables, cette année. Avantage : on peut écrire au stylo, corriger d’un coup de gomme et donc ne pas forcément passer par la case « premier jet » à recopier. Inconvénient : tous les stylos de ce type ne sont pas d’égale qualité… et tous les élèves ne sont pas d’égale habileté pour les utiliser proprement !

Cas n° 7 : c’est le cas, assez  fréquent, de l’élève emportée par l’élan : elle a beaucoup de choses à écrire, on a sans doute déjà évoqué l’éclipse à la maison, et le plaisir d’écrire est plus fort que tout. L’orthographe n’est pas dans le champ des préoccupations de cette élève au moment où elle écrit. Que faire de cette production ? Pour ma part j’ai décidé de la reprendre en collectif, à la prochaine séance, afin de valoriser le texte et son auteure tout en l’améliorant sur le plan des choix lexicaux et de l’orthographe.

Pour conclure cette brève présentation : j’ai fait le choix de faire écrire directement sur le cahier dédié au domaine « Questionner le monde », et non sur le cahier d’essais, et je me suis un peu retrouvé sur la corde raide lors de cette première séance. Pourquoi ce choix ? C’est une question de gestion du temps. Si l’on veut faire écrire souvent, il faut réussir à se passer d’un premier jet qu’il faudra recopier. Le message que je souhaitais passer aux élèves est que je leur fais confiance :

• je les sais capables de rédiger eux-mêmes un texte simple, reprenant les savoirs manipulés à l’oral pendant la séance.
• Je les sais capables de limiter le nombre d’erreurs orthographiques, ou du moins je leur fais sentir que c’est un objectif fort que nous visons cette année.

Mais en ce début d’année, un peu plus d’accompagnement et de cadrage aurait sans doute été nécessaire pour leur remettre le pied à l’étrier … et m’éviter une correction plus longue que prévue de leurs cahiers.